mardi 28 juin 2016

Les parfums dans la Bible

« Oh! quel plaisir, quel bonheur de se trouver entre frères !
C’est comme l’huile qui parfume la tête,
et descend sur la barbe, sur la barbe d’Aaron,
qui descend sur le col de son vêtement. » (Ps 133, 1-2)


La Bible n’est pas une histoire désincarnée : elle rejoint l’homme dans sa chair et dans ses sens, regarder, écouter, toucher, goûter, sentir. Les parfums jouent donc dans l’Ecriture un rôle important, qu’ils servent à la séduction ou au culte divin, suivant des règles et des codifications bien établies comme nous allons le voir.
Techniquement, il faut imaginer que les parfums de la Bible sont assez différents de nos parfums habituels – ils ressemblent plutôt à nos grands parfums (ceux que la plupart d’entre nous ont peu de chance d’utiliser couramment). La plupart de nos parfums, eaux de parfum et eaux de toilette ont l’alcool comme « fluide porteur » ; ils ont donc un « premier parfum », frais, lié à l’évaporation de l’alcool (on appelle ce premier parfum le refreshing) et un parfum persistant beaucoup plus longtemps et qui « colle à la peau ». Dans les temps bibliques, on ne connaît pas la distillation et le fluide qui porte le parfum est presque toujours un corps gras (qui pénètre la peau), le plus souvent de l’huile.


Le cinnamome
« Que tes caresses sont belles, ma sœur, ô fiancée ! Que tes caresses sont meilleures que du vin, et la senteur de tes parfums, que tous les baumes !…Tes surgeons sont un paradis de grenades, avec des fruits de choix : le henné avec le nard, du nard et du safran, de la cannelle et du cinnamome, avec toutes sortes d’arbres à encens ; de la myrrhe et de l’aloès, avec tous les baumes de première qualité. » Ct 4, 10-14
C’est l’écorce d’un arbre des régions tropicales d’Extrême-Orient (Inde, Ceylan : cinnamomum Zeylanicum)
Dans la Bible, c’est essentiellement un parfum de séduction : « J’ai recouvert mon lit d’étoffes multicolores, de lin d’Egypte. J’ai aspergé ma couche de myrrhe, d’aloès, de cinnamome » Pr 7,17 ; Mais cette senteur entre aussi dans la composition du parfum sacré pour la tente du Seigneur.


Le galbanum
« Le Seigneur dit à Moïse : »Procure-toi des essences parfumées : storax, ambre, galbanum parfumé, encens pur, en parties égales. Tu en feras un parfum mélangé - travail de parfumeur – salé, pur, sacré…Tu en réduiras un morceau en poudre pour ne mettre un peu devant la charte dans la tente de la rencontre, là où je te rencontrerai.
Pour vous, il sera très saint. Et ce parfum que tu feras, vous n’utiliserez pas sa recette à votre usage ; tu le tiendras pour consacré au Seigneur. Celui qui en fera une imitation pour jouir de son odeur sera retranché de sa parenté. » Ex 30,34-38
C’est le suc cireux d’une plante originaire de Perse et répandue en Syrie (ferula galbaniflua)
Dans la Bible, son usage est sacré.


Le ladanum
Levant les yeux, ils (les frères de Joseph) virent une caravane d’Ismaélites qui arrivaient du Galaad et dont les chameaux transportaient de la gomme adragante, de la résine et du ladanum pour les importer en Egypte. Gn 37, 25
C’est une gomme-résine odoriférante, secrétée par la base des feuilles d’un petit arbrisseau ( cistus ladaniferus).
La myrrhe
Ouvrant leurs coffrets, ils (les mages) lui offrirent en présent de l’or, de l’encens, de la myrrhe. Mt 2, 11
C’est la gomme-résine d’un arbre qui pousse principalement le long des côtes de la Mer Rouge.
Dans la Bible, il est employé comme parfum à brûler pour la maison ou pour le culte, mais surtout – dans tout l’Orient et spécialement en Egypte- pour embaumer le corps des défunts.
Il (Nicodème) apportait un mélange de myrrhe et d’aloès d’environ 100 livres. Jn 19, 39


Le nard
Pendant qu’il était à table, une femme vint, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum de nard, pur et très coûteux. Mc 14,3
C’est une huile essentielle extraite de la racine d’une plante (de la famille de la valériane) qui pousse sur les contreforts de l’Himalaya.
Dans la Bible et dans tout le monde antique, son usage est celui d’un parfum très précieux (Ct 1,12 ;4,14 ; Jn 12,3)


L’oliban
Que ma prière devant toi s’élève comme un encens, et mes mains, comme l’offrande du soir. Ps 141, 2
C’est l’encens (au sens strict), gomme-résine d’un arbre des régions tropicales ( Boswellia carterii Birdw).Il était à l’époque importé du sud de l’Arabie, du Royaume de Saba et de l’Hadramaout.
Dans la Bible, c’est un parfum sacré, à brûler. Le parfum qui s’élève vers Dieu devient le signe du culte parfait, du sacrifice non sanglant. C’est dans cette perspective que le sacrifice parfait, celui que Jésus fait de lui-même est qualifié ainsi par Saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens 5, 2 : « Le Christ s’est livré lui-même à Dieu pour nous, en offrande et victime, comme un parfum d’agréable odeur ».
Le chrétien, oint du Christ à son baptême par le signe du Saint Chrême, doit répandre cette « bonne odeur du Christ ». »Nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ ». 2 Co 2, 15


Le storax
C’est une exsudation résineuse d’un arbre de petite taille, l’aliboufier ( Styrax officinalis).
Dans la Bible, son seul usage cité est celui d’entrer dans la composition du parfum sacré (voir Galbanum).
Jean-François EL FOULY

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